PRÉVENTION ET SÉCURITÉ

Rencontre avec 2 formateurs de l’ESCT, qui interviennent sur la thématique de la sécurité

« On ne peut pas accepter qu’on puisse décéder au travail » et pour limiter les accidents, il faudra « plus de prévention, plus d’accompagnement, plus de formation, également plus de contrôles », explique Laurent Pietraszewski, secrétaire d’état chargé des retraites et de la santé au travail lors de la convention du 18 octobre 2021 de l’OPPBTP, à Saint-Malo.

Alors même que 14% des accidents du travail sont issus du secteur du BTP, qu’un accident est recensé toutes les 2 minutes et qu’un décès est enregistré tous les 4 jours (chiffres annoncés par L. Pietraszewski lors de cette même convention), le sujet de la sécurité demeure crucial et fait partie intégrante des formations de l’ESCT.

Rencontre avec Laurent OSWALD, formateur à l’ESCT de Rennes-Pacé sur les modules QSE et RSE, responsable QSE amiante de toute la zone Grand Ouest (Normandie, Bretagne, Pays de la Loire) et formateur chez EIFFAGE.
& Éric JEANNOT, formateur à l’ESCT de Paris-Montreuil sur la thématique sécurité.

Pouvez-vous nous expliquer l’importance de la prévention sur le sujet de la sécurité sur les chantiers ?

Laurent OSWALD : Aujourd’hui, les actions de prévention que l’on met en place sont des actions de rentabilité (= plus de cadence), de productivité (= plus de chiffre d’affaires) et de sécurité pour les personnels qui travaillent sur le chantier. Concernant le facteur humain, on est avec des personnes en bonne santé qui rentrent chez elles le soir.

La prévention liée spécifiquement à la sécurité, ainsi que la mise en place de plus de contrôles est donc une bonne chose. Les contrôles sont comme les radars : les personnes vont rouler plus doucement et respecter les règles en faisant parfois des petits écarts. Mais la meilleure solution, c’est d’accompagner les entreprises pour mettre en place des mesures préventives.
Aujourd’hui, les entreprises doivent mettre en place une vraie culture sécurité d’entreprise.

Éric JEANNOT : Ces dernières décennies, on a fait beaucoup de progrès dans le domaine des accidents de travail. Toutefois, il s’avère qu’il faut continuer à faire prendre conscience qu’il y a des risques. Souvent, c’est difficile de faire comprendre des choses qui peuvent s’avérer être simple. Effectivement, comme on apprend aux salariés sur les chantiers à être productifs, ils ne font pas toujours attention à des points spécifiques qui pourraient les ralentir car pour eux, il faut aller vite pour avoir une prime de productivité par exemple.

Il est également difficile de faire prendre conscience aux personnes des problématiques liées à la difficulté de réalisation d’un ouvrage en particulier. En effet, chaque ouvrage a son mode opératoire et aujourd’hui, il y a beaucoup de modes de construction possibles. A partir de là, il y a une nécessité de réaliser une analyse par le conducteur de travaux ou le chef de chantier afin d’avoir des explications qui soient compréhensibles pour les personnes qui produisent directement.

Que pensez-vous de la mise en place du « passeport prévention »

Laurent OSWALD : Il y a deux actions qui sont déployées dans la profession : le passeport prévention pour les personnels embauchés et le passeport prévention pour les intérims.
Pour le passeport prévention pour les intérims (PASI), cela commence à être mis en place progressivement.
Le passeport prévention pour les personnels n’est pas encore mis en place au sens de la loi. La réflexion sur son organisation est en cours pour 2022. Nous avons en interne mis en place un suivi des formations / habilitations et compétences de chaque salarié.

Avec ces passeports, ce qui est bien c’est qu’il y a une vraie évaluation des compétences et une vraie formation sécurité pour les personnels en intérim. A terme, le personnel intérim ne pourra plus venir travailler sur les chantiers sans avoir réalisé au préalable une évaluation des compétences et des formations sécurité.

Éric JEANNOT : On avait déjà le document unique qui était sorti en 2001. C’était une analyse des éléments spécifiques à l’entreprise, qui n’était pas spécifique au BTP.
Alors, la mise en place du « passeport prévention » pourra sûrement permettre de sensibiliser un peu plus les personnes face aux risques. Cela étant, il ne faut pas que cela devienne trop administratif.

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